martes, 26 de junio de 2012

There are no more wolves in England/ there are no more Aguará Guazú in Uruguay_ Musee de la Ville Skopje, Macedonia


work in progress_ Installation Museo de la Ciudad de Skopje, Macedonia



Il n’y a plus de loups en Angleterre

L’œuvre d’Enrique Badaró constitue un lien direct entre la littérature de la région de  Río de la Plata et les arts plastiques. L’idée originelle naît de la lecture de Jorge Luis Borges –célèbre écrivain argentin ayant des racines explicites et non explicites en Uruguay-, dont les textes ont accompagné  Enrique Badaro pendant plusieurs années. Cette combinaison de la littérature et des arts  plastiques lui a permis de développer une série de varia silva visuelle, dans laquelle l’union entre l’art contemporain et l’art académique  est  mis en lumière. 
La toile non encadrée énorme et imposante, au fond rouge, pleine de la passion, des pulsions et de la force intérieure, représentative peut-être de la nature captieuse des habitants de ces régions du monde, est le fils conducteur  pour comprendre l’œuvre de Badaró.
Des contes de Borges tels qu’ “El congreso“ (Le congrès), “El sur” (Le sud), et “Ulrica”, s’interpolent et s’entremêlent de manière singulière pour créer des images, des tâches, des coulis de peinture, imprégnées du  “bad painting, de l’expressionnisme abstrait, des arts graphiques  et de la photographie.
Dix autoportraits dans lesquels l’auteur s’est peint en tant qu’acteur et habite différents personnages qui, à leur tour, habitent les récits, encadrent cette exposition binaire, pleine d’éléments séduisants et étranges pour l’observateur.

Par ailleurs, le lien existent entre le Rio de la Plata et l’Amérique du Sud et l’Europe, le vieux continent, y est présent aussi. Certes, ce dernier est le colonisateur, la mère patrie, la source de l’histoire, qui exerce une position ambigüe entre le premier monde et le tiers monde. L’Europe est la base essentielle d’où  des pauvres mais aussi braves et brillants personnages, se sont  aventurés à traverser l’Atlantique pour retrouver leurs racines italiennes, espagnoles, méditerranéennes, voire leur universalité dans le monde américain. C’est dans cette traversée qu’ils croisent  l’amour,  la mort et inévitablement l‘infinité et le vide  de la nouvelle terre vierge.

Interpolé avec l’Aguará-Guazú ou tout seul, ce canidé symétrique autochtone originaire de ces terres, “le Lobo de Ulrica”, le loup d’Ulrica de Borges, tisse ainsi la  traversée entre la Plata et la mythique Macédoine.





Les Aguará-Guazús n’existent plus en Uruguay

Aux yeux d’Alejandro Turell, le fait qu’une espèce disparaisse ou bien qu’elle soit menacée en tant qu’espèce, sur le territoire géographique où il habite lui aussi, entraîne une sensation d’étonnement insondable.  Ne serions peut-être pas nous qui courons le risque de disparaître ? Ne serions peut-être pas nous qui avons fait disparaître “les autres” ?  Ces deux questions, loin d’être situées dans une perspective “new-age” mélodramatique ou dans une logique douteuse de la conservation “eco cool , ou formulées en tant que proposition politiquement correcte du point de vue discursif, émergent de son activité artistique. Depuis une dizaine d’années son travail embrasse des domaines relatifs à l’artifice, à la nature, à la science, mais aussi à la notion du réel, à la sphère patrimoniale, à l’individuel et  au  collectif.

À travers différents dispositifs, allant de méthodologies des sciences humaines aux ressources des arts graphiques et des préparations histologiques d’anatomie comparée aux peintures, gravures et installations, il nous placent face à une réalité mesurée et rationnelle avec une poétique qui tourne autour de ce qui se construit et  ce qui  disparaît. Ses figures symboliques émergentes sont-elles possibles face à la disparition physique du réel? Au niveau de formulation, à titre d’essai, l’Art se situerait-il en tant que dépositaire des non-existences ? Les grottes de Lascaux et d’Altamira ne nous montrent-elles pas que l’homme a perdu sa capacité de voir les choses ? La répétition des figures, à différentes échelles, semble accorder à la peinture de l’animisme et du dynamisme, une vitalité de ce qui a cessé d’ÊTRE. En Uruguay il y avait des peintures rupestres, la plupart ont été  détruites, mais  quelques unes sont actuellement conservées. Il y a eu ici une mégafaune et des montagnes enneigées et aussi des Aguará-Guazús. S’il en reste quelques-uns à présent, ce n’est que quelques spécimens solitaires. 

L’exposition de Turell et de Badaró questionne l’identité transcontinentale : jusqu’où peut-on se dire européens, latino-américains, ou indigènes ?

Des réflexions  peut-être banales dans un monde, à priori et en apparence uniquement, global. En termes de chiffres,  la question du global se rattache à d’autres  sphères peut-être moins poétiques et plus apocalyptiques.

Mais ce sont d’autres histoires…
Pance Velkov

"Aguará Guazú y héroe Nacional"
Acuarela sobre papel 21x29cm A.Turell.



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